Avec la loi immigration récente voulue par le gouvernement amendée par la droite et le centre droit du Sénat avec une sévérité sans précédent dans l’histoire de la cinquième république et votée par le Rassemblement National qui ne pouvait que se lécher les babines idéologiques car reprenant sans conteste son programme, nous avons connu l’un des moments les plus sinistres de notre république.
Si j’osais, je mettrais au même plan cet instant législatif avec la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle en 2002. Hé bien j’ose ! Deux séismes de notre histoire ! Cette loi inique est la conclusion symbolique du dérèglement politique que l’on connait en France depuis 22 ans. A savoir : Le glissement vers la droite et une vision autoritaire de la société voulue par la classe politique dépourvue de responsables de premier rang et plus préoccupée par la carrière et la popularité qu’ au destin du pays !
Le glissement vers une démocratie autoritaire
Bien que le conseil constitutionnel ait retoqué 35 des 86 articles, cela n’efface pas l’état d’esprit du monde politique français. C’est à celui qui “défoncera” le plus la présence étrangère sur notre sol. Avec le développement d’une une telle mentalité et la montée du populisme à droite comme à gauche, il est clair que nous allons tout droit vers une situation politique qui n’est pas sans rappeler la fin du 19 ieme avec un général Boulanger qui, à l’époque, avait réussi à rassembler extrême droite et gauche. Plus tard, nous retrouverons une situation presque similaire en 1940 ainsi qu’en 1957 avec la résurrection de l’extrême droite sous l’impulsion de Poujade.
Du coup, allons-nous assister au cours de la décennie qui suit à un changement de paradigme ? Allons-nous passer de “ Liberté-Egalité- Fraternité à “Français-Travail-Drapeau » ? Il est clair qu’à force de gouverner avec les sondages d’opinion, ce pouvoir va accentuer le côté autoritaire de ce qui est encore à ce jour une démocratie. La question est de savoir où cela va nous mener ?
On est loin d’un François Mitterrand qui en 1981, lors d’un débat avec Giscard, affirmait vouloir abolir la peine de mort alors que 75 % des français étaient pour son maintien ! Il fut tout de même élu et respecta sa promesse malgré l’opinion des français ! . C’était un autre calibre !
La loi est toujours dure !
Malgré l’intervention du conseil constitutionnel, certains points durs de la loi d’origine ont été maintenus. Cela concerne surtout le traitement honteux et discriminatoire que l’on fait vivre aux jeunes mineurs qui jusqu’à leur majorité seront pris en charge par la protection de l’enfance et renvoyés dans leur pays d’origine dès 18 ans. On marche dans les pas sectaires de l’autoritarisme. Bien évidemment, on remarquera que dans d’autres pays c’est pire ! C’est l’argument favori des Macronistes et des frustrés ! “ En gros, tu critiques, mais c’est pire ailleurs”. Seulement la république française se construit depuis toujours en étant une exemplarité pour le monde.
En ce sens, elle fut une exception mondiale sur l’avancée des valeurs autour du vivre ensemble et de la tolérance entre les peuples. Dans beaucoup de domaines nous avons mis en lumière des idéaux progressistes illuminant notre pays. Celui-ci semble repartir petit à petit dans l’obscurantisme politique.
La loi immigration, dans sa version promulguée, est toujours en contradiction évidente avec les valeurs d’accueil et d’humanisme tant soutenues jadis par la république française.
Il faut continuer à se battre pour le retrait de cette loi.
Frédéric Quillet